Loup y es-tu?

Publié le par Vassili

Après le douloureux épisode La Horde (voir le précédent article), il me fallait me réconcilier avec le cinéma. Alors que je me faisais masser par une thailandaise exquise tout en me faisant lire les programmes des cinémas par Amadou, mon esclave Nubien, un nom attirait mon attention, celui de


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WOLFMAN
De Joe Johnston, avec Benicio Del Toro, Anthony Hopkins,
Emily Blunt et Hugo Weaving


Un film de loup-garou, tiens donc. Les temps semblaient au cinéma de genre, ce qui n'était pas pour me déplaire, et le retour d'un film de ce genre avait plutôt tendance à m'émoustiller comme un vampire devant une maison de retraite.

Ainsi donc, je sautais dans ma calèche (oui je protège l'environnement c'est mon côté bienfaiteur de l'humanité) et ordonnait au cocher de fouetter jusqu'au plus proche cinématographe.

Je me retrouvais donc devant ledit Wolfman, non sans m'être documenté au préalable.

Joe Johnston, que voilà un sympathique artisan. Jumanji, Hidalgo, Jurassic Park III, et surtout le méconnu Rocketeer, que j'avais adoré dans mes jeunes et innocentes années. Et le casting n'était pas en reste: si j'ai beaucoup de mal à m'habituer au physique étrange de Del Toro, son charisme est indéniable, caractéristique qu'il emprunte d'ailleurs à Anthony Hopkins et Hugo Weaving, ses partenaires dans le film. Saupoudrez le tout avec un soupcon de la charmante Emily Blunt et vous obtenez un mélange fort savoureux.

L'histoire tient en quelques mots: suite à la mort de son frère, dévoré par une grôsse baïte, un acteur reconnu (Benicio Del Toro) regagne sa lande natale pour percer le mystère de ce meurtre. Bien vite, la lande subit les assauts d'une monstrueuse créature, qui blesse notre acteur reconnu. Et les crimes continuent, ce qui attire bien vite l'attention de Frederic Abberline (Hugo Weaving) , détective de Scotland Yard.

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Benicio del Toro, ou comment faire de belles économies de maquillage

Le scénario paraît simple, et il l'est: les films de loup-garou obéissent toujours à une mécanique extremement simple, car ce qui compte dans ces films, c'est davantage la lutte de l'homme contre sa bête, métaphore de tous nos instincts les moins reluisants, la peur rurale, une certaine terreur divine à travers la peur de la damnation, et quelques autres thématiques. Les loup-garous sont des tragédies fantastiques.

Ce film, d'ailleurs, s'offre quelques thèmes supplémentaires que je peux difficilement dévoiler ici sans enlever les rares surprises du film.

Qu'importe, l'essentiel est ailleurs, et Johnston et son scénariste jouent une paritition intéressante bien qu'éculée, montrant un Del Toro, qui hélas surjoue un peu, en proie à son démon, et entouré d'hommes apeurés qui loin de l'aider l'enfoncent dans la folie et la sauvagerie. La scène de l'asile est à cet égard d'une cruauté terrible, relevant cette dichotomie homme-bête que j'évoquais tout à l'heure. Si beaucoup de films cherchent un peu ce qu'il y a d'humain dans le loup, celui-ci recherche également ce qu'il y a de loup dans l'humain, Abberline ayant à cet égard quelques savoureuses remarques.

Le travail d'écriture est donc tout à fait convenable, et encore une fois il convient de pardonner à un scénario famélique pour se concentrer sur les enjeux humains.

TOut cela ne serait pas possible sans les acteurs. Si Del TOro surjoue un peu, et affiche à tout-va son air de chien battu (c'est un comble), Hugo Weaving campe un Abberline tout à fait convaincant, son exceptionnelle diction étant de toutes façons un délice de chaque instant. QUant à Hopkins, on pourra toujours lui reprocher de cabotiner et de payer ses impôts, il n'empèche qu'il fait le métier, avec sérieux, justesse, et une belle énergie lorsque cela est nécessaire, ce qui n'est si évident dans un film de ce genre, le seul défaut de sa présence étant d'ailleurs que l'on se doute bien qu'il n'est pas payé pour faire de la figuration.

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Photo exclusive: le Wolfman rasé de frais.

Autre point très positif: l'ambiance. Johnston est un bon artisan, et le production design est assez intéressant. On pourra toujours reprocher à Blackmoore et à Londres d'être un peu trop propres, il n'en demeure pas moins que l'ensemble est de belle tenue.

Johnston, manifestement inspiré, rend un bel hommage aux films de la Hammer, à travers des cadrages ou des plans bien connus des amateurs (comme par exemple les cycles de la lune en acceleré), tout en innovant par d'autres aspects. Les scènes d'action sont en particulier très bien executées, mettant en avant la sauvagerie incroyable de la bête. Je précise d'ailleurs que le film ne conviendra pas à tout public, loin s'en faut.

Enfin, il parait inconcevable de ne pas parler du score de Danny Elfman qui, même s'il tourne un peu en rond dans ses productions depuis quelques années, livre une bande-originale de haute volée, tout à la fois baroque et romantique.

On pourra toujours reprocher au film certaines facilités, des constructions un peu rapides (manifestement la production a coupé beaucoup de scènes), quelques lieux communs dans la mise en scène qui parfois laissent un peu le spectateur connaisseur sur sa faim, ou bien encore la présence d'Abberline (personnage réel ayant traqué Jack L'eventreur), mais il n'en demeure pas moins que ce Wolfman est une bonne surprise, à même de nous procurer quelques frissons supplémentaires en ces longues soirée d'hiver.

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Couché! Sale bête!

Publié dans Billets d'humeur

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