L'Oscar d'un roi

Publié le par Vassili

Comme vous le savez sans doute tous, et sinon honte à vous, la nuit dernière avait lieu la cérémonie des Oscars, qui en ayant le mauvais goût de passer deux jours après les Césars met encore plus en exergue le côté bal-musette de province de la cérémonie française...

 

Les Oscars, à la différence des Césars, ne rechignent pas à récompenser les films populaires, même si cela n'exclut pas un certain jugement, puisque par exemple l'an dernier Démineurs avait battu Avatar, ce qui n'était que justice.

 

Cette année, les Oscars ont livré un palmarès raisonnablement consensuel, mais toujours assez juste, et il est à peu près acquis que l'on n'a jamais une mauvaise surprise en allant voir un film nominé ou récompensé aux Oscars.

 

Premiers mots pour Nathalie Portman, éblouissant dans Black Swan et justement récompensée. Aronofski est définitivement un fabricant de chef d'oeuvre à la chaine, et ce Black Swan en est la nouvelle et indiscutable preuve, portée par la beauté, le talent, la fragilité et la force de Portman, qui signe dans ce film une interprétation brillante de maturité pour ses 29 ans. Il est vrai qu'outre-atlantique il nous était difficile de juger la concurrence, puisqu'il me semble qu'un seul des autres films était sorti, mais je pense pouvoir dire sans me tromper que je ne vois pas qui peut battre la belle Nathalie.

 

Même commentaire pour Colin Firth, dont l'interprétation dans "Le Discours d'un Roi" a fait l'unanimité. Je dois confesser que je ne l'ai pas encore vu (mais c'est prévu, évidemment), je vais donc devoir m'en tenir à la vox populi. Celle-là même qui a consideré qu'Avatar était un bon film. Merde. En revanche, là, la concurrence était rude: James Franco est brillant dans 127 heures, Bridges aussi dans True Grit (grand perdant de la soirée sans récompense) même si son interprétation est assez classique, quant à Bardem et Eisenberg ils ont d'ors et déjà prouvé l'étendue de leur talent. Ce qui en dit long sur le talent de Firth, car il s'agit de ne pas oublier que les américains ont donc récompensé un film sur l'histoire anglaise, handicap indéniable pour un pays qui n'a qu'un regard distrait sur l'histoire.

 

Meilleur réalisateur pour Tom Hooper et son "Discours", et c'est assez logique. Je ne me prononcerai pas sur Fighter, qui revisite manifestement Rocky mais obtient un beau succès d'estime, mais je ne crois pas que The Social Network ou True Grit aurait mérité ce titre. True Grit, en particulier, n'est pas un mauvais film, mais pas un bon non plus, et les Cohen ont tout de même fourni un travail inférieur à leurs standards usuels. Dommage. En revanche, je me demande à quel niveau en est arrivé Tom Hooper, car pour battre Black Swan, je m'attends à du génie, tant Black Swan est bluffant de maîtrise et de créativité.

 

"Fighter", d'ailleurs, a obtenu les deux Oscars du meilleur second rôle, un bon signe sur la qualité du film.

 

Le meilleur film d'animation est revenu à Toy Story 3: je ne peux pas dire que c'est une surprise, Pixar l'emportant tous les ans, mais pour le coup j'ai trouvé celui-ci un peu en dessous des autres du Studio. Je n'ai pas vu l'Illusioniste, en revanche Dragons était en effet inférieur. A noter, d'ailleurs, que Toy Story 3 était aussi nominé en tant que meilleur film, ce qui prouve que l'Académie a les idées larges. On ne verra pas ça demain en France.

 

Le meilleur film étranger n'est pas revenu à l'ordurier "hors-la-loi", encore un des films d'une mauvaise foi indigne que je vilipendais il y a quelques jours, dans le précédent article, mais à un film danois.

 

Inception, grand oublié de la cérémonie, a pour sa part décroché 4 oscars, tous techniques, mais étant donnée la concurrence ce n'est pas un scandale. J'en profite pour rebondir sur le mini-scandale qu'a provoqué la non-nomination de DiCaprio comme meilleur acteur pour Inception et Shutter Island, et la non-nomination de Shutter Island comme meilleure adaptation et meilleur film.

 

J'ai revu récemment SHutter Island. Le film est bon, même très bon, mais ce n'est pas vraiment une bonne adaptation, le film étant beaucoup moins sournois que le livre. Quant à DiCaprio, il surjoue trop dans Shutter Island, et même s'il joue juste dans Inception, ce n'était à mon sens pas suffisant.

 

Le meilleur scénario, d'ailleurs, est revenu au "Discours d'un Roi" pour l'original, et à "The Social Network" pour l'adaptation.

 

Et enfin, sans surprise, le film de l'année revient au "Discours d'un Roi", qui confirme son triomphe des Golden Globes.

 

Un palmarès intéressant, donc, puisqu'il couronne à la fois la culture et l'audace, la jeunesse et l'expérience, et montre que l'industrie du cinéma est prête à relever encore de nombreux défis (The Social Network, Inception), avec pour ce faire une jeune génération qui pourra sans coup férir reprendre le flambeau de gloires vieillissantes.

 

Et pendant ce temps, les Césars récompensaient des acteurs neurasthéniques, des films qui n'attirent personne, et une certaine idée du cinéma bobo qui s'adresse à une élite autoproclamée. Ce à quoi les Oscars répondent qu'on peut faire un film brillant sans faire un film prétentieux. CQFD.

Publié dans Billets d'humeur

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