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Publié le par Vassili

Hier soir, nouvelle débacle pathétique sur Canal +... Nouvelle cérémonie des Césars, teinté de mauvais esprit (pas dans le sens cynique, dans le sens médiocre), de gauchisme de bon aloi, de triomphe de la sous-culture et des artistes arrogants (dont le discours de Jacques Audiard, fils indigne du glorieux aîné, restera un parangon).

Il suffit de se pencher sur le palmarès: je pense que pas un des 7 films nominés n'a dépassé les 400.000 entrées. Alors certes, les entrées ne sont pas significatifs de la qualité, mais il n'en demeure pas moins que l'on arrive encore, en France, à faire de temps en temps des films de qualité qui ne soient pas condamnés à la confidentialité.

La messe est dite: les Césars ne représentent donc pas le cinéma populaire, mais bien une élite autoproclamée qui se masturbe avec délectation.

ALors certes, selon ces critères, Avatar serait le film de l'année. Ceux qui suivent ce blog savent ce que je pense de ce film. Néanmoins, quand on draine 13 millions de personnes dans les salles en France, on pèse déjà plus lourd dans la balance qu'un "Prophète" prétentieux. Et rien que les chiffres imposent un minimum de respect, même de la part de ceux qui comme moi n'ont pas apprécié ce film.

Le cinéma ne consiste pas seulement à faire la leçon au spectateur. Quand je vais voir un film français, d'abord j'ai l'impression de regarder le JT, mais en plus j'ai la furieuse impression qu'on essaie de me montrer la vie. Or, pour ça, j'ai d'une part précisément le 20H, mais aussi ma propre vie, et je n'ai pas besoin qu'on me raconte au cinéma toutes les histoires les plus sordides et tristement quotidiennes que l'on peut vivre ou croiser.

Et s'ajoutent à ce bal funèbre des producteurs frileux, qui n'ont toujours pas vu qu'ailleurs en Europe leurs homologues, eux, tentent de faire vivre le cinéma, les espagnols en tête.

Le cinéma est surtout là pour raconter. Et cela ne le prive pas de fond: les américains sont passés maîtres dans l'art du récit qui a du sens, que nous français toisons avec mépris parce que ca manque de mines et de travailleurs sociaux. Et même en termes de comédie, les américains ont 20 d'avance dans la comédie burlesque, quand nous même nous périclitons dans un certain cinéma boulevardier... Le producteur de Very Bad Trip, outre-atlantique, doit doucement rigoler en voyant LOL.

Et il devait bien rire, hier soir, Harrison Ford, en voyant les charges vaines contre les tyrans de Polanski (qui, bien que cela date, a quand même violé puis acheté une gamine, il s'agirait de ne pas l'oublier) ou Adjani fondre en larmes. Je pense que si chacun de ces braves gens, qui sont venus montrer leur émotion pour mieux vendre leur prochain gachis de pellicule, donnait ne serait-ce que 10% de ses prochains émoluments, il permettrait à plusieurs personnes de bien vivre pendant un moment.

Et, dans le même temps, d'autres font le travail de remise en question que le cinéma, français notamment, n'ose pas. Et c'est ainsi que les français de Quantic Dream, mené par David Cage, ont produit Heavy Rain: bon film, bon jeu, mais mélange exceptionnel des deux. Depuis longtemps, des spécialistes bien plus aguerris que je ne le suis cherchent les connexions entre cinéma et jeu vidéo. Chacun des deux camps s'accorde à dire que la grammaire de l'autre côté est différente, que la construction diffère.

Et bien Heavy Rain, sorti sur PS3, réussit un pas de géant dans la fusion des deux médias, en étant tout à la fois un film, tout à fait réussi, une sorte de Seven, et une aventure interactive certes beaucoup moins permissive qu'elle ne le semble, mais qui implique le "spectateur" comme aucun film ne saura le faire, le joueur ayant même la possibilité d'influer très directement sur la fin du "film".

Et pendant ce temps, aux Césars, Jacques Audiard est récompensé pour "un prophète".

Tout est dit.

Publié dans Billets d'humeur

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