Clasicon

Publié le par Vassili

Même les non-amateurs de foot n'ont pu échapper à la polémique déchainée dans les médias par la décision de la Ligue Professionnelle de Football d'annuler la rencontre entre l'OM et le PSG, et les violences qui en auraient découlé.

Je pense qu'il est donc temps de remettre un peu les pendules à l'heure et de rétablir quelques vérités.

Nous sommes au début des années 90. A cette époque, l'OM domine le football français, d'une manière ou d'une autre. Le PSG, club de la capitale tout juste naissant, a grand besoin de reconnaissance et d'exposition. L'OM, également, pour asseoir sa popularité, a besoin d'un adversaire identifiable. C'est donc tout naturellement que Tapie, alors président du club,choisit, de son propre aveu, de créer une rivalité entre son club et celui de la capitale, jouant sur l'hostilité naturelle entre la province et la capitale. Du côté de Paris, on n'en demande pas tant: être artificiellement désigné rival numéro 1 du club le plus populaire de France à l'époque est un coup de pouce inesperé.

Ne reste alors plus qu'à donner corps à cette rivalité. Fort heureusement, déjà à l'époque, les médias adorent faire leurs choux gras de ragots, et ne vérifient absolument rien, ils ne se font donc pas prier pour vendre du papier sur cette histoire. La mayonnaise prend, la recette fonctionne, et tous les ans ce "clasico" autoproclamé rapporte moults euros à ceux qui le colportent.

Problème, un "clasico" est un match entre deux clubs rivaux. La rivalité s'entend d'une rivalité territoriale, comme Bordeaux et Toulouse pour le grand sud-ouest, ou Nantes pour le littoral. Elle s'entend aussi d'une rivalité économique, ainsi Lyon, la riche capitale provinciale, et sa voisine Saint-Etienne moins fastueuse, en Espagne la rivalité qui oppose le Real Madrid, club des riches, à l'Atletico, club de la banlieue plus ouvriere, en Italie l'Inter Milan et l'AC Milan, etc. Il y a, enfin, les clasicos entre grandes puissances du football dans leur pays, comme entre le Real et Barcelone, rivalité que double une rivalité politique de l'époque franquiste dans ce cas précis.

Rien de tel entre le PSG et l'OM, hors donc une certaine hostilité entre les grandes villes de province et la capitale.

Mais surtout, un clasico a tendance à avoir une influence sur les résultats: on attend des deux clubs, dans un clasico stricto sensu, que leur opposition joue un rôle important dans l'attribution d'un titre.

Or, depuis la création de toutes pièces de ce clasico, le PSG a dû jouer le titre environ 3 fois, entre 1993 et 1995 puis en 2004, et l'OM 4 ou 5 fois... mais jamais en même temps. Ces clasicos n'ont jamais servi à départager des prétendants au titre... Il n'y a tout simplement pas de clasico en France.

Deuxième aspect: l'annulation.

Samedi, on apprend que deux joueurs du PSG souffrent de la Grippe A. Un 3eme cas n'est que suspecté. La Ligue décide donc de maintenir le match.

Le lendemain, on apprend qu'un 3eme joueur est effectivement atteint. Rappelons que dans les écoles, si une classe compte, sur 20 à 30 bambins, 3 cas, on ferme la classe.

Dans un groupe pro d'équipe de football, il y a environ 22 à 24 membres, soit autant voire moins. Par conséquent, on ne "ferme" pas l'équipe, mais on l'isole, ceci d'autant plus que lors d'un match, lors des contacts, il y a d'inévitables échanges d'humeurs, type sueur. Donc, le risque sanitaire est bien réel, pour l'équipe comme pour ses adversaires.

La Ligue reporte donc la rencontre, certes tardivement, mais autant à deux le risque pouvait être pris, autant à 3 cela aurait été déraisonnable.

L'OM, en dépit du bon sens, se plaint de cet état de fait. En effet, un PSG amputé de 3 titulaires indiscutables assurait 3 points facilement gagnés... Donc on se réfugie derrière la mauvaise foi pour cacher son aigreur.

Et dans le même temps, les supporters marseillais agressent les parisiens. Et les médias d'accuser le report du match de cette flambée de violence. Question: quel est le lien? Pourquoi des milliers de supporters marseillais s'en prennent-ils à quelques centaines de parisiens, qui ne sont pour rien dans cette décision?

La réponse est simple, mais exige d'avoir d'autres ambitions que de vendre du papier en faisant du sensationalisme sans froisser un lectorat massif.

Si l'on remonte les infos autour de ces matchs-là, il y a toujours des incidents. Toujours. Sur une aire d'autoroute, dans ou hors du stade, il y en a toujours, d'une manière ou d'une autre.

La seule explication, c'est tout simplement la bétise patentée de certains supporters qui se foutent du foot, mais ne viennent que pour se foutre sur la gueule avec leurs adversaires.

Rien à voir avec la Ligue, le report, ou quoi que ce soit. C'est simplement une démonstration de stupidité.

Foule sentimentale, mon oeil.

Publié dans Billets d'humeur

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