On Fé kkch 1 2 C 4 ?

Publié le par Vassili

"xptdr", "mégalol", "trop dark", "ouech gros", "j'kiffe".

Apprenez-le, mes frères (oui j'aime bien le registre "messe dominicale" parfois), il va vous falloir assimiler ce langage barbare et perfide: le DJEUNZ.

Qu'est-ce que le djeunz?

Les scientifiques se perdent en conjectures concernant les origines du Djeunz. Pourtant, la majorité des chercheurs semblent s'accorder sur un point. Les plus anciens d'entre vous se rappellent sans doute d'une époque sinistre où un ministre de l'Inculture avait envisagé une réforme de l'orthographe, visant à simplifier les mots les plus complexes. Il était en effet intolérable d'écrire plus longtemps "oignon" alors que cela se prononce "onion".

Les aléas de la cinquième république l'ayant obligeamment renvoyé à ses fonctions municipales, le projet fut mollement enterré.

Que nenni, lourde erreur.

Car le djeunz dispose de ressources insoupconnées lorsqu'il s'agit de se la couler douce, avoir les doigts de pied en éventail, en un (pardon, deux) mot comme en cent: rien foutre.

Le djeunz a alors spontanément adopté cette réforme funeste, dans son mode d'expression orale pour commencer.

A un langage chatié et érudit, transmis de générations en générations et pour lequel quelques-uns se sont fait raccourcir, incarcérer, et autres joyeusetés d'époques lointaines où les droits de l'homme servaient allégrement de suppositoires, a donc succédé un... un quoi en fait? Une espèce d'inextricable bourbier de borborygmes et autres onomatopées orales, allant du ricanement pubère à la consommation répétée de voyelles. Et il a poussé la perversion jusqu'à non seulement s'affranchir du vocabulaire usuel, mais aussi, qui pis est, de toutes les règles usuelles de syntaxe, de grammaire ou autre...

Mais allait-il s'en tenir là?

Non.

Car le djeunz s'est semble-t-il fixé pour objectif de mettre à mort un héritage culturel que Lagarde et Michard, au péril de leurs vies et de la santé mentale de leurs lecteurs, ont taché de porter aux nues.

Il a donc integré à son dialecte des éléments d'autres dialectes, pas plus beaux ni plus pertinents, non, mais plus pratiques, comme par exemple le célébrissime "je kiffe".

Ajoutons à cela des images romanesques comme "trop d'la balle" ou "ca déboite sa reum maudite" (exemple trivial qu'il convient de ne pas citer lors d'un diner chez le Comte de Paris).

Puis vint l'arme du crime... Le portable.

Sous couvert de réduire la longueur de son texte, dans un but prétendu d'économie, le djeunz s'est mis en tête d'aller jusqu'à abréger son propre dialecte. Ainsi donc, dehors les "demain", qui sont devenus "dem1", les "au revoir" des +++, et j'en passe, mélant joyeusement chiffres et lettres, plus lestement qu'un Laurent Romejko des grands jours.

Au moins cela pouvait-il trouver une explication pratique, ou au moins financiere. De même, on pourra, avec une clémence coupable, celle-là même qui nous prive aujourd'hui des joies de l'écartelement, pardonner d'un coup de pied le djeunz s'adonnant à divers loisirs vidéoludiques et qui, dans le feu de l'action, n'a que le temps de taper avec frénésie un "t1 jvé m fer buté" au moment où l'abomination qu'il s'est promis d'occire décide de manière inpromptue de s'en faire un en-cas raffiné.

Mais le djeunz a de la ressource, et mauvais esprit.

Vous fréquentez tous, ou presque, j'imagine, différents forums sur internet.

Et bien le djeunz a colonisé cet espace-là aussi!

Et depuis quelques temps, on peut voir fleurir le langage dit "SMS" dans ces espaces... Or, ici, foin d'économie ou autres, il s'agit juste de s'épargner de taper sur trois touches de son clavier.

Fort heureusement, s'est levée, dans un manteau blanc brocardé d'or, une légion résolue, la milice anti-langage SMS, qui châtie l'inconvenant qui s'aventure à balancer du phonétique écrit (très fort, il fallait l'inventer), puis s'en va dans un déluge de fleurs lancées par des nymphettes légères et court-vêtues, montés sur leurs étalons arabes et... Mais je m'égare.

Ami djeunz, toi qui est adepte du langage SMS... pardon, je traduis à ton intention: "yo man, toi ki kif vegra la tchatche SMS", sache donc que le net n'est pas un dépotoir à invention moisie, ni le dernier espace à la mode pour évacuer des containers de regression intellectuelle. Nous, ennemis farouches du langage, pardon dialecte, Essehémesse, nous serons le souffle chaud dans ta nuque, l'ombre dans ton dos, et potentiellement une douleur sournoise dans un endroit que la décence m'interdit de nommer.

Signé: Comité de soutien du Bescherelle.

Publié dans Craquages

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S
KoMeN tÉ tRo 1t0lÉrAn toa té grav pa 2 La BaL KoSmiK.BiZ KeViN, himself
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