Comment Solomon vous êtes chrétien?

Publié le par Vassili

Attention les mirettes, fans transis de Conan et autre Kull (ah la la que de rigolades grâce au seul nom de ce film), amateurs de Swords and Sorcery, le papa Noël a déposé un gros colis avec supplément sous votre sapin, et ce colis c'est

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SOLOMON KANE



Soyons clairs, Solomon Kane n'est pas un bon film. Mais c'est une excellente série B!

Pour changer un peu de nos habitudes, je commencerai par une critique, forcément subjective, du film, puis par un résumé-spoiler du film, teinté de la mauvaise foi que vous me connaissez.

Posons un peu le décor: Solomon Kane est un personnage créé par Howard, le père de Conan. Comme son nom l'indique, c'est un personnage hautement religieux (Solomon et Kane, excusez du peu), qui évolue dans un univers Swords and Sorcery. Kezaco? Ce n'est pas de la fantasy, pas du medieval-fantastique, ni du "réaliste": le Sword and Sorcery est un univers médiéval, teinté d'une très légère pointe de fantastique. Il se caractérise par une grande brutalité: oubliez les elfes pimpants et les armures brillantes.

Howard a toujours été assez bigot (en plus d'être un sale raciste, ce qui ne transparait pas dans ce film heureusement). Kane est donc un personnage qui lui tient à coeur, et qui hérite d'une vraie identité.

Premier constat: je refuse toute assimilation à Van Helsing: Van Helsing est une repompe du personnage de Kane, et non l'inverse, et quand l'un est un personnage dans un milieu baroque-gothique, Kane est vraiment ancré dans l'univers très différent que j'évoquais précedemment.

QU'attendre de ce film? Solomon Kane a donné lieu à diverses nouvelles, ramassées dans un film d'une heure 40. Par conséquent, attendre un scénario construit serait une gageure: même dans les nouvelles, la narration n'est pas fondamentale, ce qui compte, ce sont les portraits humains, le reflet desesperé de l'humanité, autant de thèmes qui chez Howard préfigure le post-apo.

Bon, ne vous y trompez pas, le film ne fait qu'effleurer ces enjeux ou le monde d'Howard (comme COnan en son temps), et il faut surtout s'attendre à un déluge d'acier, de feu et de sang!

Et de ce point de vue là, passée une scène d'intro un peu fauchée, notamment du point de vue des décors, on en prend plein les mirettes. Le réalisateur improvise une espèce de bleu et blanc pour ses extérieurs enneigés plutôt pas mal foutu du tout, et les scènes d'action ne manquent pas d'une certaine maestria. On regrettera un montage un peu erratique, mais la forme est là, et c'est bien l'essentiel.

SOlomon Kane est un film violent, pas excessivement (pas d'interdiction), mais qui a une qualité assez appréciable: les coups exudent leur violence, on la ressent à chaque impact.

Du point de vue de l'univers, cette Angleterre dévorée par le Mal est assez séduisante, assez torturée, et se prête il est vrai admirablement au genre.

En fait, le gros point faible du film, hors son montage, est précisément Kane, ou plutôt son interprète: on a pris un vague clone de Jackman, qui joue encore moins bien, surjoue constamment, et devient vite assez agacant. Dommage, car le personnage, tout en nuance et en clair-obscurs dans les bouquins, aurait mérité meilleur traitement. Mais on a tout sacrifié à l'aventure, et le contrat est plutôt rempli.

Je le repete: Solomon Kane est une série B, en attendre un scénar ou des merveilles serait s'exposer à de sévères désillusions. Reste un spectacle honnête, rythmé, sauvage, et qui vous procurera 1h40 d'évasion: n'est-ce pas l'essentiel parfois?



RESUME:

Solomon est un vilain garçon. Très vilain. Quand son père lui a appris qu'il allait l'envoyer dans les ordres, et que son frère aîné, un gros boucher soit dit en passant, prendrait les affaires du duché en main, Solomon a décidé que non, ce n'était pas possible, qu'il boudait et qu'il irait plutôt tuer des gens. Construction du personnage terminé, on passe à la suite.

Le film s'ouvre dans une Afrique du Nord en carton-pâte, où Kane et ses hommes ont décidé de piller on ne sait quel vizir (et on s'en fout). Après avoir tué tous les gardes (travail soigné), et traversé une salle aux miroirs pour le moins agressifs (comme les vôtres un lendemain de cuite s'ils pouvaient bouger), Kane rentre dans la salle du trône, seul. Dans la salle du Trône, le trésor: hourra, manque plus que les points d'expérience et on est en plein Donjons et Dragons. Mais le trésor n'est pas seul: s'y trouve aussi le Faucheur du Diable, qui jette un sale froid au passage, et est là pour moissoner l'âme de Solomon au nom d'un pacte. Quel pacte, signé par qui et pourquoi? On n'en sait rien, Solomon non plus... et on ne saura toujours pas à la fin du film...

Bref, SOlomon oppose une fin de non-recevoir musclée. Mais il a quand même eu chaud aux fesses, et il décide donc de prendre sa retraite dans un Center Parks une maison de retraite un couvent, où il renonce à la violence.Ah ben non alors! Il va pas nous faire son Jake SUlly quand même! Et ma violence barbare?

Seulement, le père supérieur est un peu le Pie XII de l'époque. "Solomon, nous apprécions que tu nous aies donné tes biens, mais il faut que tu partes, tu crains et tu attires le mauvais oeil".

Ce moment de gratitute passé, Solomon s'aventure donc sur les routes, où il se fait estourbir par des brigands (vous pensez bien qu'en temps normal il les aurait dispersés façon Hachis). Une brave famille le recueille, et l'on sent bien que SOlomon ferait bien passer un moment raffiné à la fille de famille, Meredith, mais il a renoncé à la violence.

Le soir venu, ils trouvent une petite fille dans un village rasé. Pas de pot, la petite fille est une socière, qui contamine Meredith avant de s'en aller en échappant à Solomon, qui a renoncé à la violence. D'ailleurs, cette contamination ne sert à rien dans l'histoire, on ne sait même pas quel effet elle a...

Arrivent des grands méchants, les hommes de main du féroce Malakaï (quel nom foireux). Qui kidnappent la fille, tuent le père et le frère et égorgent le petit frère sous les yeux d'un Kane qui a renoncé à la violence.

M'enfin là, quand même, il se dit que bon, renoncer à la violence, c'est bien joli, éviter l'Enfer, c'est plutôt pas mal, mais bon, là, quand même, kidnapper la fille, ils vont trop loin. Donc Kane les démonte et part en chasse de la fille.

Flashback: Kane est marqué par la violence depuis longtemps, depuis le jour où par accident il a tué son propre frère. Important pour la suite, retenez bien, c'est la seule chose à retenir.

Kane traverse l'Angleterre, beaucoup d'adversaires (y compris les brigands du début qui regrettent que Kane ait changé d'avis) et finit par échouer dans une taverne.

Capturé dans son sommeil aviné (TRES aviné), Kane accomplit son destin d'icône religieuse: il est crucifié. Mais c'est alors qu'il retrouve la trace de Meredith. Alors il enleve les echardes de ses mains, massacre tout le monde et repart en chasse.

Son plan est ingénieux: tuer le chef des méchants et son lieutenant.

Seulement, horreur: le lieutenant est son propre frère, qui en fait n'était pas mort: TADAAAAAAAAA!

Dans les géôles du chateau familial (où le grand méchant a élu domicile, voilà qui est curieux), Kane retrouve son père mourant qui lui demande de l'achever. Kane, qui ne renonce plus à la violence, s'exécute et l'exécute après un cas de conscience d'environ 4 secondes.

Bon, reste le problème du frangin: le frangin protège le méchant, évidemment, lequel méchant entreprend de libérer un démon des enfers pour venir prendre l'âme de SOlomon à l'aide du sang d'une jeune fille innocente (au hasard, Meredith). Donc, Kane suggère à son frère, héritier donc nouveau maître des lieux, de rejeter Malakaï pour le forcer à quitter les lieux. La question étant de savoir pourquoi il n'a pas proposé ça à son père. L'autre question étant, une fois qu'il a éxécuté son frère, pourquoi il ne le fait pas lui-même?

On comprend enfin le plan du méchant (pour ceux qui auraient passé plus de temps à regarder le décolleté de la voisine qu'à suivre le film): tout ne servait qu'à attirer Kane ici, à le mettre à l'épreuve.

Bref, le gros démon déboule, joue à cache-cache avec Kane (avec beaucoup de gentillesse, d'ailleurs, il laisse à SOlomon le temps de se cacher, puis le cherche mollement, au lieu de tout détruire. C'est pas si méchant que ça un démon on dirait). Mais Kane a une dernière chose à faire: sauver Meredith, comme il l'a promis au défunt père de la jeune fille. Donc, avec une bonne balle entre les deux yeux, il règle le cas du sorcier surpuissant et invincible (financé par la NRA ce film, c'est pas possible autrement). Hop, parole tenue, rédemption accordée, le démon remballe ses affaires et retourne zoner chez lui, l'âme de Kane est sauvé, Meredith aussi, et quelque chose me dit qu'on va avoir beaucoup de mal à rouvrir un portail vers l'enfer avec le sang d'une jeune fille pure et innocente.

Kane a retrouvé ses terres, trouvé une nana, et  trouvé un sens à sa vie: le chemin de la rédemption n'est pas de tout repos, et il va le passer à distribuer des mandales!
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