A la porte!

Publié le par Vassili

Mesdames et Messieurs bonsoir.

Comme certains d'entre vous le savent peut-être, il m'arrive parfois lors de longues et contre-productives soirées de me muer en amateur de foutchebol.

Précisons d'emblée: je ne m'affuble pas d'une écharpe multicolore avant d'aller me jeter sur d'autres porteurs d'écharpes en bramant des obscénités douteuses. Non, je m'en tiens à jubiler fiévreusement quand l'un de mes protégés pousse le ballon au fond des filets, adverses de préférence, et de trépigner lorsqu'il s'en va vers le poteau de corner executer une danse nuptiale visant à entamer une partouze odieuse avec ses petits camarades, danse dont les effets sont saisissants et à laquelle il faudra que je consacre un billet, mais je m'égare.

Toujours est-il que la semaine dernière le secrétaire d'Etat aux Sports, Bernard Laporte, ci-devant ex-sélectionneur du XV de France, ex-homme d'affaire et ex-homme sandwich pour du jambon (c'est beau le goût du risque), a demandé à son collègue Eric Besson de plancher sur une réforme visant à rendre les clubs compétitifs en Coupes d'Europe.

J'en vois déjà lever le sourcil droit avec un air suspicieux signifiant "et alors, qu'est-ce que ca peut me foutre?".

Tout d'abord, permettez-moi de vous signaler que je trouve ces familiarités malvenues. Ensuite, il s'agit de politique générale. Enfin, lorsque l'on parle de clubs francais et de coupe d'Europe, il y a de quoi se marrer, donc restez encore un peu.

Balayons donc le paysage.

Des Coupes d'Europe il y en a deux: la ligue des Champions accueille les champions en titre des grands championnats européens, et en plus, pour certains championnats, les quelques clubs les mieux classés. La coupe de l'UEFA, elle, regroupe quelques clubs un peu moins bien classés, ainsi que ceux n'ayant pas brillé en Ligue des Champions.

Or, le moins que l'on puisse dire, c'est que la France ne s'illustre pas dans ces exercices... En tout et pour tout, elle a remporté une Ligue des Champions en 1993, au terme d'un parcours un peu curieux que pour éviter la polémique je n'aborderai pas ici.

Toujours est-il que depuis, hormis trois finales d'UEFA et une de Ligue des Champions, toutes perdues, c'est vache maigre. Pour info, même le Portugal en a gagné une...

Et là, ce grand benet de Laporte s'interroge: "pourquoi?".

Et bien mon grand, tu n'as pas inventé le fil à couper l'eau chaude.

Voici donc un courrier que je vous invite à envoyer au ministere, histoire de.

"Mr Bernard Laporte
Secretaire d'Etat aux Sports
Immeuble du Ministere de Roselyne, faites attention, ce n'est pas une secrétaire un peu vulgaire, c'est la ministre

Mr Le Secretaire,

Devant la nouvelle élimination prématurée des clubs francais dans toutes les coupes européennes, vous avez, non sans candeur, demandé à votre camarade Besson de trouver des solutions.

Loin de moi l'idée de me montrer acide, mais je pense qu'il serait bon d'envisager très rapidement une cure de collyre.

Les raisons, elles sont aussi multiples que bien connues:

1- les clubs francais sont les seuls d'Europe dont la fiscalité est aussi écrasante. TOUS les autres pays-phares, et même Monaco, ont un statut fiscal qui permet d'attirer et de conserver les meilleurs joueurs. Ainsi, pour verser 100 euros à un joueur en France, il faut débourser 200 euros, contre 103 ailleurs. D'où l'exode massif de nos meilleurs éléments. Comme nos voisins européens n'y renonceront pas, c'est à nous de nous adapter...

2- La France est également le seul pays qui interdit la créatine. C'est aussi le cas en Coupe d'Europe, mais ne vous en faites pas, nos voisins se sevrent quelques jours avant les échéances européennes. A cela, je l'admets, je n'ai aucune solution.

3- Nous sommes un pays de mauvais perdants. Lorsque nous perdons, le terrain était pourri, l'adversaire trop fort, la météo peu clémente, la nourriture mauvaise. Mais ce n'est JAMAIS de notre faute, alors que les conditions des matchs sont les mêmes pour les deux parties... C'est aussi pour cela que certains joueurs ne réussissent pas dans les clubs de très haut niveau: ces clubs déploient une culture de la "gagne" dont nous ignorons tout. Quand un club français se prend une rouste de la part d'un grand club étranger,c 'est normal. Non. NON. Ce n'est PAS normal! Si on voit les choses comme ça, autant ne pas jouer!

4- Les stades francais sont trop petits, à l'exception notable d'un Stade de France à la dérive, dont tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il est une enceinte fort médiocre au sein de laquelle se retrouve un peu de tout, mais pas de supporter. Pour information, le stade de la ville de Madrid est plus grand que le SDF, pourtant enceinte nationale. Cela est dû en partie à une implication nationale, car chacun sait que le peuple qui va au stade rêve à vil prix. Le roi Juan Carlos ne s'y est pas trompé, en résorbant la dette du Real Madrid à une reprise...

Pour info encore, nous sommes le seul pays où la capitale n'a qu'un seul club, loin de jouer les premiers rôles...

Le constat est aussi simple que concis, et les solutions évidentes: défiscalisation, coups de pieds au cul, intervention étatique mesurée.

Alors, mon grand, avant de poser des questions idiotes et de nous prendre pour des jambons, que tu vends fort bien par ailleurs, allume ton poste... Ca nous évitera d'avoir envie de sortir Ibanez de sa reserve pour t'asséner un plaquage de derriere les fagots.

Car après tout, comme le disait Patxi Gerinorqui en écrasant de sa semelle vengeresse le visage du curé de la paroisse de Mildio-en-Euskadi: si c'est interdit, c'est que c'est bon.

Publié dans Billets d'humeur

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