Camel Trophy

Publié le par Vassili

Pour une fois, depuis bien longtemps, je vais prendre la plume (enfin le clavier, ça va je sais ne soyez pas insolents) pour dire du BIEN. Et même beaucoup de bien. Et à propos de quoi vais-je en dire? A propos de

 

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I LOVE YOU PHILLIP MORRIS

avec Jim Carrey et Ewan McGregor

 

Attention, grand moment. Et je pèse mes mots.

 

Steven Russell est un type bien. Qui mène une vie bien. Avec une femme bien. Et une petite fille bien. Bon, bien sûr, il est homo plus ou moins refoulé, c'est un escroc de haut vol, mais qui s'arrêterait à ces détails? Tout cela fonctionne à merveille jusqu'à un accident qui lui fait prendre conscience que la vie est courte, qu'il convient de ne se priver de rien et de privilégier l'outrance à la sagesse. Steven assume donc son côté folle, mène une vie de débauche et de luxure qui va le conduire, évidemment, en prison, où il fait la rencontre de Philipp Morris.

 

Je dois avouer que j'étais un peu perplexe en introduisant la galette numérique dans son lecteur. Une comédie gay, pourquoi pas, mais je craignais fort le lâcher de folles pénible, le film méprisant ou au contraire militant, bref une grosse daube comme pouvait l'être Poltergay (j'ai tenu, de mémoire, 4 minutes). Mais la présence de Jim Carrey, et quelques conseils, m'ont poussé à me lancer, et je ne le regrette pas.

 

Car cette histoire est belle. Et même très belle. La romance des deux personnages est sublimée par un Jim Carrey qui trouve un rôle à sa (dé)mesure, en délires jubilatoires comme en introspections émouvantes, et que dire de son partenaire McGregor, décidément toujours impeccable, et méconnaissable en petit homo tout doux? Les deux acteurs s'entendent, c'est perceptible, comme larrons en foire, jouent ensemble avec une affinité naturelle incroyable, le tout sous la caméra de Glenn Ficarra et John Requa, une caméra juste, maîtrisée, capable d'envolée lyriques hallucinées comme d'une délicatesse remarquable, privilégiant sans arrêt le fond à la forme, et sachant sublimer le fond si nécessaire, sans excès ni tape à l'oeil. Amusez-vous à vous concentrer sur la façon de filmer des deux hommes, et vous dénicherez, de-ci de-là, des plans magnifiques, bourrés d'idées, sans que jamais il n'y ait de lourdeur. A cet égard, le départ de Jim Carrey en taxi est une petite merveille. Le film baigne d'ailleurs dans une atmosphère un peu intemporelle, entre plusieurs époques, le grain et l'allure générale des personnages pouvant rappeler les années 90 (les années des faits, puisque le film est basé sur des faits réels) comme les décennies précédentes, comme un grand hommage à une certaine vision du cinéma. Et, à la différence d'un Attrape-moi si tu peux, le film reste crédible, ou en tous cas le spectateur a envie de croire aux entourloupes ahurissantes de Russel, et se sent concerné par son sort - ce qui n'était, à mon avis, pas le cas dans le film de Spielberg -.

 

Et là, donc, où je redoutais une comédie de follasses (et ce n'est pas toujours une critique, comme dans l'excellent Priscilla), on trouve une histoire sensible, drôle, touchante, pleine de justesse, qui convaincra le pire des homophobes qu'il peut y avoir de beaux sentiments entre deux êtres du même sexe.

 

Le cinéma français serait bien inspiré de s'en souvenir: quand la comédie française met souvent en scène des personnages pathétiques, qui ne sont là que pour divertir, les comédies américaines, même celles de Judd Apatow comme "Very Bad Trip", s'appliquent à donner de l'épaisseur, une consistance à leurs personnages, sans jamais les mépriser, avec toujours une certaine tendresse. Il va sans dire que le choix de Jim Carrey est idéal, tant il est capable de donner dans le burlesque le plus total, comme dans un jeu plus sobre, plus élégant (souvenez-vous de Man on the Moon).

 

Bref, I Love You Phillip Morris est un film beau, drôle, touchant, qui fait la nique aux préjugés, et vous assure un beau moment de ciné. Que demander de plus?

Publié dans Mon univers

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