No répit for Cohen

Publié le par Vassili

Attention, les enfants, chef d'oeuvre, film majeur et indispensable:

no_country_for_old_men_coen.jpg

NO COUNTRY FOR OLD MEN
Des Frères Cohen
 

OH LA CLAQUE!

Un tueur psychopathe, un pauvre redneck désireux de garder un magot, un shériff blasé.

D'entrée, on respire: les frères Cohen n'ont pas perdu leur sens de la caméra. Il y a plus de cinoche dans un seul de leur plan que dans tout un Téchiné ou un Chabrol. En quelques plans,  ils arrivent à donner une ambiance claustro à un film qui se passe dans les grands espaces.

Javier Bardem apparait à l'écran. Magnifique, colossal, un numéro d'acteur fabuleux, au bord de la folie ou dedans de plein pied, cynique et narquois.

Puis vient Josh Brolin, instinctif, charismatique.

Enfin Tommy Lee Jones, dans un rôle taillé comme un gant pour son immense talent.

Rajoutons une goutte de Woody Harrelson, décidement insuffisament employé tant il habite ses personnages.

Et les frères Cohen de nous raconter une odyssée désabusée, noire au possible, sans la moindre petite flamme d'espoir. Javier Bardem avance, allégorie du temps ou de la mort, chantre du destin venu frapper à la porte de Brolin qui est lui, la quintessence en proie à ses choix et à son humanité, celui qui doit trancher et inscrire son destin. Javier Bardem n'est pas un simple tueur, il est un croque-mitaine, qui a sa logique propre, comme la mort, ou qui parfois s'en remet au hasard dans des scènes hallucinantes de désarroi.

Et le Old Men, c'est Jones. Fracassé par la vie, hérité par un atavisme et un héritage trop grands pour lui, dans un environnement hors de l'espace et du temps, où les grands paysages n'empechent pas l'enfermement et le cloisonnement, trimballant sa carcasse désabusé avec une justesse rare, dans un monde qui change sans qu'il l'ait vu et dans lequel il n'a tout simplement plus sa place. Peu importe ses appels au secours à sa femme, ses proches, personne ne le voit perdre pied et glisser doucement vers l'oubli. Et ce temps qui passe, c'est Bardem, figure noire et dévoreuse, signe des temps qui finissent par retrouver même ces terres que l'on pensait à l'abri.

Les Frères Cohen baigne ce film d'une atmosphère ireelle, dénuée de tout repere, ce qui place le spectateur dans la situation de Jones, perdu, et pas désireux de retrouver son chemin. Que se passera-t-il s'il croise Bardem, se demande-t-on?

Tout le film devient comme un hommage au Old Timer, au vieux sage, à un monde qui s'en va, à une humanité crépusculaire, dans un constat amer et sans flamme pour guider un chemin qui de toutes facons n'existe pas. L'humanité est devenue ainsi, constat navrant et sans concession qui rappelle les plus belles heures des frangins, désireux de revisiter les codes pêle-mêle du Western, du film d'auteur espagnol et du polar noir pour les épurer jusqu'à un esthétisme abouti, parfait, fruit d'une maturation dépourvue d'un quelconque surplus inutile.

Et les Frères Cohen de multiplier les plans éloquents, l'image faisant sens sans dialogue inutile ou plan lourdingue qui offense l'intelligence du spectateur.

Je vais être bref et trivial: putain de film.

Publié dans Mon univers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article